Peut-on parler de neuro-dawa comme il y a le neuro-marketing? Les manipulateurs djihadistes utilisent ils les dernières trouvailles en matière de neurosciences pour hacker le cerveau de leur victimes?
Pourquoi la
communication des manipulateurs djihadistes est-elle si efficace ?
Pourquoi et comment s’imprime
t’elle aussi rapidement et profondément dans l’esprit des manipulés ? Est-ce que les
manipulateurs utilisent des techniques de communication particulières ?
Dans de
nombreux cas, le manipulateur
profite des failles sociales,
familiales, professionnelles ou scolaires pour atteindre son objectif
d’embrigadement.
Pourtant ce
terrain favorable n’explique pas tout. En effet, beaucoup de jeunes, avant de basculer dans des
opérations djihadistes, avaient des vies
équilibrées et heureuses.
Dans ces
cas, comment le manipulateur fait-il pour arriver à ses fins?
Une des
pistes sérieuses à envisager pour comprendre le phénomène concerne la
construction du discours du manipulateur. Et ce sont les neurosciences qui, en
tant que grille de lecture, pourraient nous aider à mieux cerner les raisons de
l’efficacité de ce discours.
En effet, on
sait avec certitude grâce à des études neuroscientifiques nombreuses mais
récentes qu’un discours s’inscrit (ou non) en profondeur dans le cerveau, de
manière courte ou durable, en fonction de l’intensité des émotions qu’il génère
chez celui qui le reçoit.
Dis de manière simple, plus une personne ressent une
émotion (
joie, humour, colère, peur ou tristesse) quand elle reçoit un message, plus le
message s’inscrira avec force et durée dans son cerveau.
Prenons l’exemple d’une expérience menée par le
laboratoire Neuro-insight. 150 publicités courtes ont été visionnées par un groupe de
spectateurs. ( on a demandé à ces derniers d’essayer de retenir une
cinquantaine de critères comme l’histoire, les personnages mis en
scène, les éléments de narration, la musique …).
L’analyse des
résultats est extraordinairement frappante. Elle montre scientifiquement le caractère essentiel de la donnée émotionnelle dans la mémorisation de la
communication qui leur a été apportée.
Ainsi,
·
toutes les publicités voulant convaincre
d’un message grace à des données pourtant chiffrées ou scientifiques ont été
mal mémorisées.
·
Au contraire, tous les spots mettant en scène des situations, personnes,
idées, avec humour, tristesse ou
peur ont été fortement mémorisés.
En fait, chacun
de nous peut lui-même comprendre intérieurement la force des émotions dans le
processus de mémorisation.
Faisons
ensemble un petit test.
Interrogeons-nous par exemple sur notre emploi du temps d’une journée
quelconque comme le 20 aout 2010. Qui
ici peut se souvenir d’au moins une chose qu’il a fait ce jour-là ? Sans
doute pas grand monde .
Maintenant, posons-nous
la même question pour le 11 septembre 2001. Il y a fort à parier que beaucoup
de personnes se souviennent exactement de ce qu’ils faisaient au moment
d’apprendre l’attaque des tours du world trade center. De la même façon, pour
rester sur le terrain personnel, qui ne souvient pas de ses premières grandes
peurs ou joies de son enfance alors
qu’ils sont bien loin dans le temps (premier vélo acheté, ect). Tous ces
événements sont imprimés dans notre cerveau parcequ’ils sont associés à des
émotions fortes.
Durant tout le
processus de manipulation, le manipulateur, dans sa posture, son langage non
verbal, son discours, ses actes, n’agit
qu’au travers d’actions ou de paroles suscitant l’émotion.
Dans tous les
témoignages recueillis durant les nombreux entretiens menés, dont il serait trop long de faire état dans le détail,
on s’aperçoit que le manipulateur a tenté continuellement de générer de
l’émotion chez sa victime dans le seul
but de mieux y faire pénétrer son message.
Quelques
phrases simples sont évocatrices.
(Il était
toujours souriant avec le bon mot pour me faire rire (joie), il m’a aidé
psychologiquement lorsque personne ne croyait en moi (entraide), il
m’avertissait du risque de souffrance en enfer après la mort (peur), il me
parlait des délices du paradis (joie et espoir) etc.