2016-09-07

POURQUOI LA COMMUNICATION DES MANIPULATEURS DJIHADISTES EST EFFICACE?


Peut-on parler de neuro-dawa comme il y a le neuro-marketing? Les manipulateurs djihadistes utilisent ils les dernières trouvailles en matière de neurosciences pour hacker le cerveau de leur victimes?
Pourquoi la communication des manipulateurs djihadistes est-elle si efficace ? Pourquoi et comment  s’imprime t’elle  aussi rapidement et profondément  dans l’esprit  des manipulés ? Est-ce que les manipulateurs utilisent des techniques de communication particulières ?
Dans de nombreux cas,  le manipulateur profite  des failles sociales, familiales, professionnelles ou scolaires pour atteindre son objectif d’embrigadement.
Pourtant ce terrain favorable  n’explique pas tout.  En effet,  beaucoup de jeunes, avant de basculer dans des opérations djihadistes, avaient des vies  équilibrées et heureuses.
Dans ces cas, comment le manipulateur fait-il pour arriver à ses fins?
Une des pistes sérieuses à envisager pour comprendre le phénomène concerne la construction du discours du manipulateur. Et ce sont les neurosciences qui, en tant que grille de lecture, pourraient nous aider à mieux cerner les raisons de l’efficacité de ce discours.
En effet, on sait avec certitude grâce à des études neuroscientifiques nombreuses mais récentes qu’un discours s’inscrit (ou non) en profondeur dans le cerveau, de manière courte ou durable, en fonction de l’intensité des émotions qu’il génère chez celui qui le reçoit.
Dis de manière simple, plus une personne ressent une émotion ( joie, humour, colère, peur ou tristesse) quand elle reçoit un message, plus le message s’inscrira avec force et durée dans son cerveau.
Prenons l’exemple d’une expérience menée par le laboratoire Neuro-insight. 150 publicités courtes  ont été visionnées par un groupe de spectateurs. ( on a demandé à ces derniers d’essayer de retenir une cinquantaine de critères comme l’histoire, les personnages mis en scène, les éléments de narration, la musique …).
L’analyse des résultats est extraordinairement frappante. Elle  montre scientifiquement  le caractère essentiel de la donnée émotionnelle dans la mémorisation de la communication qui leur a été apportée. 

Ainsi,
·         toutes les publicités voulant convaincre d’un message grace à des données pourtant chiffrées ou scientifiques ont été mal mémorisées.
·         Au contraire, tous les spots  mettant en scène des situations, personnes, idées,  avec humour, tristesse ou peur  ont été fortement mémorisés.

En fait, chacun de nous peut lui-même comprendre intérieurement la force des émotions dans le processus de mémorisation.
Faisons ensemble un petit test.  Interrogeons-nous par exemple sur notre emploi du temps d’une journée quelconque comme le  20 aout 2010. Qui ici peut se souvenir d’au moins une chose qu’il a fait ce jour-là ? Sans doute pas grand monde .
Maintenant, posons-nous la même question pour le 11 septembre 2001. Il y a fort à parier que beaucoup de personnes se souviennent exactement de ce qu’ils faisaient au moment d’apprendre l’attaque des tours du world trade center. De la même façon, pour rester sur le terrain personnel, qui ne souvient pas de ses premières grandes peurs  ou joies de son enfance alors qu’ils sont bien loin dans le temps (premier vélo acheté, ect). Tous ces événements sont imprimés dans notre cerveau parcequ’ils sont associés à des émotions fortes.

Durant tout le processus de manipulation, le manipulateur, dans sa posture, son langage non verbal, son discours, ses actes,  n’agit qu’au travers d’actions ou de paroles suscitant l’émotion.
Dans tous les témoignages recueillis durant les nombreux entretiens menés, dont il  serait trop long de faire état dans le détail, on s’aperçoit que le manipulateur a tenté continuellement de générer de l’émotion chez sa victime  dans le seul but  de mieux y faire  pénétrer son message.

Quelques phrases simples sont évocatrices.

(Il était toujours souriant avec le bon mot pour me faire rire (joie), il m’a aidé psychologiquement lorsque personne ne croyait en moi (entraide), il m’avertissait du risque de souffrance en enfer après la mort (peur), il me parlait des délices du paradis (joie et espoir) etc.